ALAIN DELON A ACHETÉ LE CHÂTEAU DE LA BRULERIE À LA FIN DES ANNÉES 60
LES PREMIÈRES IMAGES REMONTENT À 1967
DES PHOTOS D'ALAIN DELON À DOUCHY APRÈS LES ARTICLES DE PRESSE
LES PREMIÈRES IMAGES REMONTENT À 1967
DES PHOTOS D'ALAIN DELON À DOUCHY APRÈS LES ARTICLES DE PRESSE
Décès d'Alain Delon à 88 ans, le dimanche 18 août 2024 dans sa propriété du Château de la Brulerie.
C’est samedi 24 août 2024 qu’auront lieu les obsèques de la star de cinéma Alain Delon, dans la chapelle privée de sa propriété du Château de la Brulerie à Douchy (Loiret), célébrées en présence de ses proches par l’ancien évêque de Gap Jean-Michel Di Falco, conformément aux vœux du défunt, a déclaré le prélat à l’Agence France-Presse (AFP)
La cérémonie aura lieu à 16 heures à huis clos, dans la plus stricte intimité.
Une volonté de l’acteur qui ne souhaitait pas d’hommage national.
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À Douchy (Loiret), Alain Delon est propriétaire du domaine de La Brûlerie depuis plus de 50 ans, où il a fêté Noël entouré des siens. Le monstre sacré du cinéma français, au cœur d’un conflit familial, apprécie tellement l’endroit, qu’il entend s’y faire enterrer, à côté des dizaines de ses chiens qu’il a inhumés dans le cimetière de sa propriété. Dans le petit village du Gâtinais d’environ 1400 habitants, tout le monde a déjà vu l’acteur. «Alain déjeunait souvent à l’Auberge du Terroir. (...) On le voyait à la pharmacie, chez les commerçants, il faisait ses courses comme tout le monde. C’était un citoyen comme un autre», raconte le maire Abel Martin. «Il participait aux fêtes de village, à la fête des écoles. (...) Surtout à l’époque de Mireille Darc.»
Celui qui incarna «Le Guépard» pour Visconti s’était en effet installé sur le domaine loirétain dès le début des années 1970 avec l’actrice, jusqu’à leur séparation dans les années 1980. «Lorsque j’étais écolier, Alain Delon et Mireille Darc venaient tous les ans pour les fêtes de fin d’année dans l’école. Ils jouaient les Pères Noël et offraient à chacun de nous un cadeau»,
se rappelle ainsi Maxime, aujourd’hui âgé de 57 ans et toujours habitant du village.
Construit sous le Premier Empire, le château de la Brûlerie a été acquis en 1808 par le frère du marquis de Caulaincourt, ambassadeur sous Napoléon Bonaparte. En 1885, le régisseur du domaine, un certain monsieur Barthélémy Legendre, a été abattu d’un coup de fusil par un braconnier dans le parc du château, de 120 hectares. Le salon d’honneur et ses peintures, restaurées en 1920, sont inscrits à l’inventaire des Monuments historiques en 1948.
Alain Delon voulait la vendre en 2019
Devenu dans les années 50 un centre de vacances de la SNCF, le château de La Brûlerie, protégé par un imposant mur d’enceinte, entrecoupé de quelques grillages, a ensuite «brûlé», selon Abel Martin. «C’est là qu’Alain Delon a rasé le château pour faire sa propriété actuelle.» Ne conservant que des dépendances, le couple Delon-Darc a créé un lac à l’emplacement du château, au milieu d’un parc gigantesque de plusieurs dizaines d’hectares entouré de hauts murs. À l’intérieur, Alain Delon reste discret, tout juste sait-on qu’il y a fait construire une salle de cinéma.
Malgré son installation en Suisse dans les années 1980, c’est avec Rosalie van Breemen, la mère de ses deux plus jeunes enfants, que l’acteur s’y installera à nouveau. Anouchka et Alain-Fabien sont d’ailleurs nés à Gien (Loiret) dans les années 1990. Si Alain Delon dispose toujours d’une résidence à Genève, c’est bien dans sa maison de cœur qu’il est réfugié depuis juillet 2023 et qu’il se trouve encore actuellement, selon Abel Martin.
C’est d’ailleurs dans son antre que l’acteur souhaite être enterré, avec ses chiens, alors qu’en 2019, Alain Delon avait déclaré, à l’hebdomadaire suisse L’Illustré, vouloir la vendre «dès que je peux» car elle lui «coûte une fortune en entretien». «Je sais qu’il veut être enterré ici. Il en a parlé au maire précédent et il a prévenu la préfecture», confirme Abel Martin. «Il y a des règles», temporise toutefois l’élu. «C’est une autorisation préfectorale. À ma connaissance, elle n’est pas encore tout à fait acquise.»
Celui qui incarna «Le Guépard» pour Visconti s’était en effet installé sur le domaine loirétain dès le début des années 1970 avec l’actrice, jusqu’à leur séparation dans les années 1980. «Lorsque j’étais écolier, Alain Delon et Mireille Darc venaient tous les ans pour les fêtes de fin d’année dans l’école. Ils jouaient les Pères Noël et offraient à chacun de nous un cadeau»,
se rappelle ainsi Maxime, aujourd’hui âgé de 57 ans et toujours habitant du village.
Construit sous le Premier Empire, le château de la Brûlerie a été acquis en 1808 par le frère du marquis de Caulaincourt, ambassadeur sous Napoléon Bonaparte. En 1885, le régisseur du domaine, un certain monsieur Barthélémy Legendre, a été abattu d’un coup de fusil par un braconnier dans le parc du château, de 120 hectares. Le salon d’honneur et ses peintures, restaurées en 1920, sont inscrits à l’inventaire des Monuments historiques en 1948.
Alain Delon voulait la vendre en 2019
Devenu dans les années 50 un centre de vacances de la SNCF, le château de La Brûlerie, protégé par un imposant mur d’enceinte, entrecoupé de quelques grillages, a ensuite «brûlé», selon Abel Martin. «C’est là qu’Alain Delon a rasé le château pour faire sa propriété actuelle.» Ne conservant que des dépendances, le couple Delon-Darc a créé un lac à l’emplacement du château, au milieu d’un parc gigantesque de plusieurs dizaines d’hectares entouré de hauts murs. À l’intérieur, Alain Delon reste discret, tout juste sait-on qu’il y a fait construire une salle de cinéma.
Malgré son installation en Suisse dans les années 1980, c’est avec Rosalie van Breemen, la mère de ses deux plus jeunes enfants, que l’acteur s’y installera à nouveau. Anouchka et Alain-Fabien sont d’ailleurs nés à Gien (Loiret) dans les années 1990. Si Alain Delon dispose toujours d’une résidence à Genève, c’est bien dans sa maison de cœur qu’il est réfugié depuis juillet 2023 et qu’il se trouve encore actuellement, selon Abel Martin.
C’est d’ailleurs dans son antre que l’acteur souhaite être enterré, avec ses chiens, alors qu’en 2019, Alain Delon avait déclaré, à l’hebdomadaire suisse L’Illustré, vouloir la vendre «dès que je peux» car elle lui «coûte une fortune en entretien». «Je sais qu’il veut être enterré ici. Il en a parlé au maire précédent et il a prévenu la préfecture», confirme Abel Martin. «Il y a des règles», temporise toutefois l’élu. «C’est une autorisation préfectorale. À ma connaissance, elle n’est pas encore tout à fait acquise.»
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Les enfants de l'acteur ont porté plainte contre la sexagénaire, le mercredi 5 juillet, l'accusant de «harcèlement moral» à l’encontre de leur père. Une tempête médiatique qui contraste avec l'apparente quiétude de la propriété où vivait le couple.
Anouchka, Alain-Fabien et Anthony Delon se trouveraient désormais auprès de leur père. Les enfants d'Alain Delon, qui ont porté plainte le mercredi 5 juillet contre Hiromi Rollin, la «dame de compagnie» de l'acteur - lui la décrivait comme sa compagne en 2021 - ont en effet gagné le domaine de la Brûlerie. Une propriété acquise par le comédien en 1971, dans laquelle il vivait depuis 2019 avec la sexagénaire accusée de «harcèlement moral» à son encontre, et de «détournement de correspondances». Christophe Ayela, l'avocat de la star, déclare pour sa part la suspecter d'«abus de faiblesse». Ce dernier a précisé dans un communiqué qu'Hiromi Rollin avait été «invitée à retourner vivre chez elle, sa maison de Suresnes».
Un esprit rustique
L’ouragan médiatique qui contraste avec l'apparente quiétude de la demeure où vivait le couple. Voilà déjà cinq décennies que le héros du Guépard (1963) arpente les quelque 120 hectares de cette somptueuse demeure, située à Douchy, dans le Loiret. Dès son arrivée, aux prémices des années 1970, Alain Delon y fait creuser un immense étang et détruire le château qui s’y trouvait. Le comédien emménage avec sa compagne de l'époque, Mireille Darc, et le couple en fait un paradis champêtre. Il vient régulièrement goûter à la sérénité des lieux, entouré de ses chiens. Cette demeure à l'esprit rustique, inscrite aux Monuments historiques depuis 1948, recèle en outre de multiples meubles en bois et poutres apparentes.
Les soirs d'hiver, on peut se réfugier au coin de la cheminée, ou recevoir des amis dans son salon chaleureux. Ou bien visionner des films dans la salle de cinéma, en faisant appel à un projectionniste privé. L’été offre l’occasion de promenades dans les étendues verdoyantes de la propriété, protégée par un imposant mur d'enceinte et environnée d'un bois. En 2018, l'acteur avait convié Paris Match au cœur de son impénétrable domaine. Il y avait reçu le magazine en compagnie de Loubo, son berger malinois adopté en 2014 – celui-là même qu'Hiromi Rollin est accusée d'avoir maltraité «de façon inacceptable », comme l'affirme Anthony Delon dans une seconde plainte à l’encontre de cette dernière.
Dernière demeure
Sur les clichés de la visite, dévoilés par Paris Match , Loubo apparaît en train de gambader dans l'ancienne salle de jeu des enfants, parsemée de livres et équipée d'un baby-foot, d'une table de poker et d'un flipper, et décorée de multiples œuvres d'art. Vient ensuite le bureau de l'acteur, aux murs envahis par les photos souvenirs, parmi lesquelles des images de Romy Schneider. Dans la cuisine, des «dizaines de casseroles en cuivre pendent du plafond», précise la publication.
Une maison dans laquelle le comédien a fait construire une piscine intérieure et une salle de sport. À l'extérieur, se trouve une autre piscine, creusée pour sa fille Anouchka. Cette dernière, née de la romance du comédien et de Rosalie Van Breemen, a grandi dans la bâtisse au côté de son frère Alain-Fabien. Alain Delon dévoile également le cimetière de ses 50 chiens, ainsi qu’une chapelle qui, dit-il, sera sa dernière demeure. Une visite emplie de nostalgie, à l'heure où l’acteur ignorait encore qu'au sein de son havre de paix, l'ambiance ne tarderait pas à s'assombrir.
Anouchka, Alain-Fabien et Anthony Delon se trouveraient désormais auprès de leur père. Les enfants d'Alain Delon, qui ont porté plainte le mercredi 5 juillet contre Hiromi Rollin, la «dame de compagnie» de l'acteur - lui la décrivait comme sa compagne en 2021 - ont en effet gagné le domaine de la Brûlerie. Une propriété acquise par le comédien en 1971, dans laquelle il vivait depuis 2019 avec la sexagénaire accusée de «harcèlement moral» à son encontre, et de «détournement de correspondances». Christophe Ayela, l'avocat de la star, déclare pour sa part la suspecter d'«abus de faiblesse». Ce dernier a précisé dans un communiqué qu'Hiromi Rollin avait été «invitée à retourner vivre chez elle, sa maison de Suresnes».
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Un homme d'affaires chinois, admirateur d'Alain Delon, a tenté d'acheter les mille bouteilles mises en vente par l'acteur français.
Alain Delon fascine toujours. Pour acquérir ce que l’acteur a possédé et touché, certains sont prêts à tout. C’est le cas de l’homme d’affaires chinois Dong Guo. Le président du groupe média Jubang était aux Etats-Unis lorsqu’il a appris la vente d’une partie de la cave du Français.
Fou d’enthousiasme, il a laissé ses affaires en suspens et sauté dans un avion. Arrivé à Paris vendredi 25 novembre, veille de la vente, il a appelé Exclusive Agency, organisateur de l’événement au Fouquet’s, pour tenter d’acheter… l’intégralité des lots !
Refus poli de ses interlocuteurs, qui lui rappellent le principe d’une vente aux enchères. Le Chinois ne se démonte pas, il se rend à la vente avec un ami et enchérit sur tous les lots. Malheureusement pour lui, la rude concurrence entre grosses fortunes ne lui a pas offert le loisir de rafler l'intégralité du catalogue.
Néanmoins, l’homme d’une cinquantaine d’années a de quoi se consoler, il a emporté presque 30% des lots. Et il caresse un nouveau rêve : rencontrer Alain Delon, qu’il a officiellement invité chez lui, en Chine, dans la région de Shenzhen.
1000 BOUTEILLES D'ALAIN DELON VENDUES POUR 250 412 EUROS
Alain Delon fascine toujours. Pour acquérir ce que l’acteur a possédé et touché, certains sont prêts à tout. C’est le cas de l’homme d’affaires chinois Dong Guo. Le président du groupe média Jubang était aux Etats-Unis lorsqu’il a appris la vente d’une partie de la cave du Français.
Fou d’enthousiasme, il a laissé ses affaires en suspens et sauté dans un avion. Arrivé à Paris vendredi 25 novembre, veille de la vente, il a appelé Exclusive Agency, organisateur de l’événement au Fouquet’s, pour tenter d’acheter… l’intégralité des lots !
Refus poli de ses interlocuteurs, qui lui rappellent le principe d’une vente aux enchères. Le Chinois ne se démonte pas, il se rend à la vente avec un ami et enchérit sur tous les lots. Malheureusement pour lui, la rude concurrence entre grosses fortunes ne lui a pas offert le loisir de rafler l'intégralité du catalogue.
Néanmoins, l’homme d’une cinquantaine d’années a de quoi se consoler, il a emporté presque 30% des lots. Et il caresse un nouveau rêve : rencontrer Alain Delon, qu’il a officiellement invité chez lui, en Chine, dans la région de Shenzhen.
1000 BOUTEILLES D'ALAIN DELON VENDUES POUR 250 412 EUROS
La vente a fait suite à la décision de l’acteur français de se séparer de 1000 bouteilles de sa cave personnelle (vin blanc, vin rouge, spiritueux,...). Un événement hors du commun pour un résultat record : le tout a été vendu pour 250 412€ (frais compris), soit plus du double de l’estimation initiale (100.000€).
Certains spiritueux ont atteint des sommets. La bouteille de cognac « L’art de Martell » a été achetée 2500 euros (estimation initiale : 350 euros), celle de cognac « Napoléon » Piercel de St Jacques 1880 a été adjugée 2438 euros (estimation initiale : 120 euros), et pour celle de cognac Bisquit Dubouché de 1840, l’acheteur a dû débourser 1250 euros (estimation initiale : 550 euros). Les six bouteilles de cognac XO siglées Alain Delon ont été vendues 1000 euros, soit cinq fois leur estimation initiale.
Les grands crus ont multiplié leur estimation par 1,5. Les six bouteilles de Château Cheval Blanc 1947 (1er grand cru Saint Emilion) sont parties pour 20 000€ (estimation : 10 000€) et les six magnums de Château Latour 1982 (1er cru Pauillac) sont devenues la propriété d'un collectionneur qui a déboursé 13 750€ (estimation : 9000€). La grande surprise est venue d’un lot de 12 bouteilles de Petrus 1972, Pomerol vendu 12 500€ multipliant par 4 son estimation.
Certains spiritueux ont atteint des sommets. La bouteille de cognac « L’art de Martell » a été achetée 2500 euros (estimation initiale : 350 euros), celle de cognac « Napoléon » Piercel de St Jacques 1880 a été adjugée 2438 euros (estimation initiale : 120 euros), et pour celle de cognac Bisquit Dubouché de 1840, l’acheteur a dû débourser 1250 euros (estimation initiale : 550 euros). Les six bouteilles de cognac XO siglées Alain Delon ont été vendues 1000 euros, soit cinq fois leur estimation initiale.
Les grands crus ont multiplié leur estimation par 1,5. Les six bouteilles de Château Cheval Blanc 1947 (1er grand cru Saint Emilion) sont parties pour 20 000€ (estimation : 10 000€) et les six magnums de Château Latour 1982 (1er cru Pauillac) sont devenues la propriété d'un collectionneur qui a déboursé 13 750€ (estimation : 9000€). La grande surprise est venue d’un lot de 12 bouteilles de Petrus 1972, Pomerol vendu 12 500€ multipliant par 4 son estimation.
catalogue_vente_vins_alain_delon_nov_2011.pdf | |
File Size: | 5846 kb |
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La cave d’Alain Delon - Vente à 14h00 (lots 330 à 539)
Étiquette apposée sur toutes les bouteilles provenant de la cave d Alain DELON
Étiquette apposée sur toutes les bouteilles provenant de la cave d Alain DELON
Alain Delon a mis, dans le choix de ces grands vins qui constituent sa cave, la même passion, la même rigueur, la même exigence et la même sureté d’instinct que pour tout ce qu’il entreprend, de sa carrière à ses collections.
Ces merveilleux flacons dormaient, attendaient d’être vus ou bus.
Aujourd’hui, ce sont pour l’essentiel des objets de collection, presque de vénération : Cheval Blanc 1947, Pétrus, Haut Brion 1970, des vins rares, dans des formats rares.
Ces 1000 bouteilles, Alain souhaitait leur offrir une nouvelle vie, les offrir à de nouvelles passions, les proposer à de nouveaux horizons. Les amateurs et collectionneurs du monde entier, de la vieille Europe à l’empire du milieu, auront ainsi l’occasion d’enrichir leur cave, d’orner leur table, de ces précieuses bouteilles, avec cette merveilleuse provenance.
C’est pourquoi nous avons souhaité, pour cette cave exceptionnelle, une vente hors du commun, à cheval sur deux continents, en partenariat avec le Savour Club de Shangaï et de Pékin, dans ce merveilleux écrin qu’est le Fouquet’s.
Quel lieu mythique pouvait mieux convenir à la vente de la cave d’un mythe, Alain Delon ?
Arnaud Cornette de Saint Cyr - Commissaire priseur
Ces merveilleux flacons dormaient, attendaient d’être vus ou bus.
Aujourd’hui, ce sont pour l’essentiel des objets de collection, presque de vénération : Cheval Blanc 1947, Pétrus, Haut Brion 1970, des vins rares, dans des formats rares.
Ces 1000 bouteilles, Alain souhaitait leur offrir une nouvelle vie, les offrir à de nouvelles passions, les proposer à de nouveaux horizons. Les amateurs et collectionneurs du monde entier, de la vieille Europe à l’empire du milieu, auront ainsi l’occasion d’enrichir leur cave, d’orner leur table, de ces précieuses bouteilles, avec cette merveilleuse provenance.
C’est pourquoi nous avons souhaité, pour cette cave exceptionnelle, une vente hors du commun, à cheval sur deux continents, en partenariat avec le Savour Club de Shangaï et de Pékin, dans ce merveilleux écrin qu’est le Fouquet’s.
Quel lieu mythique pouvait mieux convenir à la vente de la cave d’un mythe, Alain Delon ?
Arnaud Cornette de Saint Cyr - Commissaire priseur
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Honoré à Cannes, l’acteur franco-suisse de 83 ans a fondu en larmes. Il évoque à cœur ouvert sa carrière, ses enfants, ses amours, l’âge, la mort et Genève, où il est enfin propriétaire et reviendra vivre dès cet été.
- Le Festival de Cannes vous a décerné une Palme d’or d’honneur. Et il vous consacre une affiche tirée de «Plein soleil». Que vous évoque ce film?
- Alain Delon: Le départ de ma longue carrière. Le film de René Clément m’a fait connaître dans le monde entier, jusqu’au Japon, jusqu’en Chine. J’avais 24 ans en 1960. Il a fait de moi une star. Souvent, les gens pensent que j’ai fait «Plein soleil» après «Rocco et ses frères». Or, Visconti a dit: «Il y a un garçon qui joue dans "Plein soleil". C’est lui que je veux.»
- Selon vous, Cannes a-t-il tardé à vous rendre hommage?
- Oui, mais ils l’ont reconnu. Ils me l’ont souvent proposé. Mais je répondais qu’il fallait honorer les metteurs en scène qui ont fait ce que je suis devenu et à qui je dois tout: René Clément, Visconti, Melville, Losey. Tous ont disparu aujourd’hui et j’ai fini par accepter. J’ai un âge serein pour le faire.
- Quel est votre premier souvenir de Cannes?
- C’était en 1956 avec Jean-Claude Brialy. Je ne savais pas ce qu’était Cannes. J’étais un inconnu. Beaucoup de gens me demandaient si j’avais tourné. J’attirais l’attention. J’étais, paraît-il, pas mal foutu de ma personne.
- Le Festival de Cannes vous a décerné une Palme d’or d’honneur. Et il vous consacre une affiche tirée de «Plein soleil». Que vous évoque ce film?
- Alain Delon: Le départ de ma longue carrière. Le film de René Clément m’a fait connaître dans le monde entier, jusqu’au Japon, jusqu’en Chine. J’avais 24 ans en 1960. Il a fait de moi une star. Souvent, les gens pensent que j’ai fait «Plein soleil» après «Rocco et ses frères». Or, Visconti a dit: «Il y a un garçon qui joue dans "Plein soleil". C’est lui que je veux.»
- Selon vous, Cannes a-t-il tardé à vous rendre hommage?
- Oui, mais ils l’ont reconnu. Ils me l’ont souvent proposé. Mais je répondais qu’il fallait honorer les metteurs en scène qui ont fait ce que je suis devenu et à qui je dois tout: René Clément, Visconti, Melville, Losey. Tous ont disparu aujourd’hui et j’ai fini par accepter. J’ai un âge serein pour le faire.
- Quel est votre premier souvenir de Cannes?
- C’était en 1956 avec Jean-Claude Brialy. Je ne savais pas ce qu’était Cannes. J’étais un inconnu. Beaucoup de gens me demandaient si j’avais tourné. J’attirais l’attention. J’étais, paraît-il, pas mal foutu de ma personne.
- Quand avez-vous pris conscience de votre beauté sidérante?
- Ce sont les femmes qui m’en ont fait prendre conscience. J’ai fait du cinéma à cause des femmes et par elles en rentrant d’Indochine. Sans elles, je serais mort en voyou. J’étais parti à l’armée à 17 ans. A mon retour, un copain m’a dit: «Viens faire un tour à Saint-Germain-des-Prés.» Ce soir-là, j’ai rencontré une femme qui s’appelait Zizi, un peu handicapée. Elle avait une copine qui venait souvent la voir: la comédienne Brigitte Auber (elle a joué dans «La main au collet» d’Alfred Hitchcock, sorti en 1955, ndlr). Elle avait neuf ans de plus que moi. Un soir, ça a été le coup de foudre. C’est la première qui m’a sauté dessus en disant: «Mais tu ne te rends pas compte de la tête que tu as! Tu es fait pour le cinéma!» Et tout a commencé. Si je n’avais pas eu cette tête, je n’en serais pas là aujourd’hui.
- Jeune, quels sont les acteurs qui vous ont fait rêver?
- Il n’y en a pas beaucoup. Je n’étais pas un fondu de cinéma. Rue Catinat, à Saïgon, l’équivalent des Champs-Elysées, j’ai vu «Touchez pas au grisbi», avec Jean Gabin. Et ça m’a paru sublime. Plus tard, sur le tournage de «Mélodie en sous-sol» (sorti en 1963, ndlr), je lui en ai parlé. A l’époque, si on m’avait dit: «Tu vas rentrer en France et devenir le partenaire de Gabin», j’aurais dit: «Arrête tes conneries, oui!» J’étais un novice. Je n’y connaissais rien.
- Vous répétez souvent: «Je suis un accident.»
- Comédien est une vocation. Un mec qui veut faire ce métier suit des cours, va au conservatoire. Un acteur, c’est un accident, comme moi ou, plus tard, Tapie. Il est pris pour son physique, sa façon d’être que l’on met au service du cinéma. Avant de tourner «Quand la femme s’en mêle» (en 1957, ndlr), Allégret m’a dit: «Sois toi. Ne joue pas, vis!» J’ai appliqué ce conseil toute ma vie. Jean-Paul (Belmondo, ndlr), lui, est un comédien extraordinaire. Les acteurs, c’étaient Alan Ladd, Burt Lancaster, Gabin ou Ventura.
- Ce sont les femmes qui m’en ont fait prendre conscience. J’ai fait du cinéma à cause des femmes et par elles en rentrant d’Indochine. Sans elles, je serais mort en voyou. J’étais parti à l’armée à 17 ans. A mon retour, un copain m’a dit: «Viens faire un tour à Saint-Germain-des-Prés.» Ce soir-là, j’ai rencontré une femme qui s’appelait Zizi, un peu handicapée. Elle avait une copine qui venait souvent la voir: la comédienne Brigitte Auber (elle a joué dans «La main au collet» d’Alfred Hitchcock, sorti en 1955, ndlr). Elle avait neuf ans de plus que moi. Un soir, ça a été le coup de foudre. C’est la première qui m’a sauté dessus en disant: «Mais tu ne te rends pas compte de la tête que tu as! Tu es fait pour le cinéma!» Et tout a commencé. Si je n’avais pas eu cette tête, je n’en serais pas là aujourd’hui.
- Jeune, quels sont les acteurs qui vous ont fait rêver?
- Il n’y en a pas beaucoup. Je n’étais pas un fondu de cinéma. Rue Catinat, à Saïgon, l’équivalent des Champs-Elysées, j’ai vu «Touchez pas au grisbi», avec Jean Gabin. Et ça m’a paru sublime. Plus tard, sur le tournage de «Mélodie en sous-sol» (sorti en 1963, ndlr), je lui en ai parlé. A l’époque, si on m’avait dit: «Tu vas rentrer en France et devenir le partenaire de Gabin», j’aurais dit: «Arrête tes conneries, oui!» J’étais un novice. Je n’y connaissais rien.
- Vous répétez souvent: «Je suis un accident.»
- Comédien est une vocation. Un mec qui veut faire ce métier suit des cours, va au conservatoire. Un acteur, c’est un accident, comme moi ou, plus tard, Tapie. Il est pris pour son physique, sa façon d’être que l’on met au service du cinéma. Avant de tourner «Quand la femme s’en mêle» (en 1957, ndlr), Allégret m’a dit: «Sois toi. Ne joue pas, vis!» J’ai appliqué ce conseil toute ma vie. Jean-Paul (Belmondo, ndlr), lui, est un comédien extraordinaire. Les acteurs, c’étaient Alan Ladd, Burt Lancaster, Gabin ou Ventura.
- C’est Lino Ventura qui vous a fait découvrir Crans-Montana.
- (Etonné.) Vous vous en souvenez? J’avais oublié. C’était à la suite du film «Les aventuriers» (1967, ndlr). Il y allait tous les ans. J’y suis retourné souvent, très heureux.
- Vous êtes Suisse depuis 1999 et résidez à Genève depuis 1978. Est-ce toujours un port d’attache?
- Plus que jamais! Depuis six mois, je suis en travaux dans mon appartement. J’étais locataire, j’ai réussi à acheter. Anouchka, ma fille, supervise le chantier. On termine la terrasse. J’ai aménagé un jardin, un sauna, un endroit pour déjeuner au soleil. Je vais enfin pouvoir y vivre cet été. C’est là qu’il y a eu cette histoire dramatique avec mon fils Alain-Fabien en 2011 (en l’absence d’Alain Delon, une jeune fille de 16 ans a été blessée par balle au ventre après la dispute de son fils et d’un tiers à propos d’une arme, ndlr).
- Votre rapport avec Anouchka, dont on a appris qu’elle serait votre exécutrice testamentaire, est plus serein qu’avec vos fils. Pourquoi?
- Avec eux, c’est plus difficile. Peut-être parce que ce sont des garçons… Alain-Fabien a fait pas mal de conneries. Il a commencé à les faire à Genève, il y a vécu son enfance, y a fait ses classes. Jusqu’au jour où il s’est fait mettre dehors. Cela a failli coûter la vie à une adolescente. Depuis, il ne peut plus voir Genève. Il a trop peur. Il fait du mannequinat et du cinéma. J’ai deux superbes petites-filles grâce à Anthony, Liv et Lou, 18 et 23 ans.
- (Etonné.) Vous vous en souvenez? J’avais oublié. C’était à la suite du film «Les aventuriers» (1967, ndlr). Il y allait tous les ans. J’y suis retourné souvent, très heureux.
- Vous êtes Suisse depuis 1999 et résidez à Genève depuis 1978. Est-ce toujours un port d’attache?
- Plus que jamais! Depuis six mois, je suis en travaux dans mon appartement. J’étais locataire, j’ai réussi à acheter. Anouchka, ma fille, supervise le chantier. On termine la terrasse. J’ai aménagé un jardin, un sauna, un endroit pour déjeuner au soleil. Je vais enfin pouvoir y vivre cet été. C’est là qu’il y a eu cette histoire dramatique avec mon fils Alain-Fabien en 2011 (en l’absence d’Alain Delon, une jeune fille de 16 ans a été blessée par balle au ventre après la dispute de son fils et d’un tiers à propos d’une arme, ndlr).
- Votre rapport avec Anouchka, dont on a appris qu’elle serait votre exécutrice testamentaire, est plus serein qu’avec vos fils. Pourquoi?
- Avec eux, c’est plus difficile. Peut-être parce que ce sont des garçons… Alain-Fabien a fait pas mal de conneries. Il a commencé à les faire à Genève, il y a vécu son enfance, y a fait ses classes. Jusqu’au jour où il s’est fait mettre dehors. Cela a failli coûter la vie à une adolescente. Depuis, il ne peut plus voir Genève. Il a trop peur. Il fait du mannequinat et du cinéma. J’ai deux superbes petites-filles grâce à Anthony, Liv et Lou, 18 et 23 ans.
- Cette année encore, Anouchka vous accompagne à Cannes. Quel souvenir avez-vous de votre première montée des marches avec elle, en mai 2010?
- J’étais fou de bonheur. A la fois fier et heureux. Etre à ses côtés m’a bouleversé. Le rapport père-fille est si particulier...
- Au lendemain du drame à votre domicile, vous m’aviez déclaré: «Mes fils se croient au cinéma. Pour eux, le super-flic ou le super-voyou, c’est papa !»
- Oui. On se dit qu’on est le fils d’Alain Delon et on ajoute: «Pourquoi on ne réussirait pas au cinéma?» Ils m’ont assez fait chier de ce côté-là. Je leur ai répondu: «Si j’étais resté ce que j’étais, fils de charcutier (il a fait son CAP dans la branche, ndlr), on aurait eu moins de problèmes.»
- Or, vous êtes devenu une star.
- Je précise que ce n’est pas vous qui le décidez, c’est le public. Sinon, vous n’en devenez jamais une.
- En 2017, vous déclariez ne pas avoir été un bon père. Faites-vous toujours le même constat?
- Non. Je ne pense pas avoir été un mauvais père. J’étais un père particulier, parce que je faisais un métier particulier.
- J’étais fou de bonheur. A la fois fier et heureux. Etre à ses côtés m’a bouleversé. Le rapport père-fille est si particulier...
- Au lendemain du drame à votre domicile, vous m’aviez déclaré: «Mes fils se croient au cinéma. Pour eux, le super-flic ou le super-voyou, c’est papa !»
- Oui. On se dit qu’on est le fils d’Alain Delon et on ajoute: «Pourquoi on ne réussirait pas au cinéma?» Ils m’ont assez fait chier de ce côté-là. Je leur ai répondu: «Si j’étais resté ce que j’étais, fils de charcutier (il a fait son CAP dans la branche, ndlr), on aurait eu moins de problèmes.»
- Or, vous êtes devenu une star.
- Je précise que ce n’est pas vous qui le décidez, c’est le public. Sinon, vous n’en devenez jamais une.
- En 2017, vous déclariez ne pas avoir été un bon père. Faites-vous toujours le même constat?
- Non. Je ne pense pas avoir été un mauvais père. J’étais un père particulier, parce que je faisais un métier particulier.
- Une polémique venue d’Amérique a fustigé Delon le macho misogyne. Or, pendant la réalisation du «Samouraï», Nathalie, votre épouse, vous a giflé à la fin en disant: «Merci beaucoup pour ce tournage!» Vous vous en souvenez?
- Ah, ça oui, elle m’a giflé! Je ne sais plus pourquoi…
- Vous aviez été odieux. Elle raconte que Jean-Pierre Melville a dû vous filmer de l’autre côté car vous aviez la marque de ses doigts sur la joue…
- (Agacé.) Ce que je peux dire maintenant, en marge de cette espèce de connerie «misogyne, macho» et tout le reste, c’est que dans ma vie j’ai été plus giflé par des femmes que je n’en ai giflé. (Sur un ton sec.) Eh oui, beaucoup plus! Je n’en ai pas parlé et je n’ai pas appelé les flics. Je sais pourquoi je les ai reçues.
- Pourquoi?
- Vous savez très bien! On s’engueule et, si jamais un jour on a un écart, eh bien on se prend une grande tarte dans la gueule.
- Pourquoi Nathalie Canovas a-t-elle été la seule Mme Delon?
- Parce que l’histoire est un éternel recommencement. Il s’est passé avec elle ce qui s’est passé avec mes parents lorsque j’avais 4 ans. Un divorce. Après, ils m’ont placé dans des familles d’accueil. Nathalie, c’était pour la vie, on a été très heureux, on a fait un enfant, Anthony. Un jour, on a décidé de se quitter. J’ai dit: «Je ne me marierai jamais plus.» Je ne voulais pas que l’histoire se renouvelle, finir comme Eddie Barclay et ses six femmes. Quand j’ai rencontré d’autres amours, comme ma regrettée Mireille Darc, je lui ai dit: «Tu sais, Mimi, il faut que tu saches que je ne t’épouserai jamais, car je ne me marierai jamais plus.» Elle, je pensais qu’elle deviendrait la femme de ma fin de vie.
- Si c’était à refaire, épouseriez-vous Romy Schneider?
- On dit toujours ça quand les gens ne sont plus là. Ce n’est pas impossible… Mais, même mariée avec moi, elle ne serait plus de ce monde. Romy n’est pas partie par hasard en 1982. Elle est morte parce qu’elle n’a jamais supporté la fin atroce de David, son fils. Il s’est planté accidentellement sur la pointe de la grille d’un portail (l’artère fémorale a été perforée, ndlr). Une horreur!
- Curieusement, il ne s’est jamais rien passé entre Brigitte Bardot et vous. Pourquoi?
- Notre amitié a tout dépassé. Et on est très heureux ainsi.
- Lors des obsèques de Mireille Darc, en 2017, on vous a vu embrasser Johnny Hallyday. C’était sa dernière apparition publique. Dans son autobiographie, il dit de vous: «Des fils invisibles nous relient.»
- (Etonné.) C’est très beau, je l’ignorais et ça me touche beaucoup.
- Vous êtes deux enfants abandonnés. C’est ça qui vous reliait?
- C’est possible. On ne l’a jamais évoqué ensemble. On s’aimait beaucoup. On se téléphonait du monde entier. Il me disait: «Tu es là?» Je lui disais: «Je suis là pour toi, tu es là pour moi.»
- Vous avez toujours dit que vous régleriez votre succession de votre vivant. Notamment en mettant vos tableaux à l’encan dès 2007.
- Cela fait plus d’un an que les enfants Hallyday se déchirent dans la presse. Moi, je déteste plus que tout les ventes posthumes. J’ai déjà organisé avec mes avocats suisses pratiquement tout ce qui se passera le jour où je devrai partir. Je ne veux surtout pas que ce soit la curée.
- Vous vendrez votre propriété de Douchy (Loiret) où reposent vos 30 chiens dans un cimetière?
- Dès que je peux. Ma fille voulait garder le domaine, mais une personne seule ne peut pas s’en sortir. Douchy me coûte une fortune en entretien.
- Ah, ça oui, elle m’a giflé! Je ne sais plus pourquoi…
- Vous aviez été odieux. Elle raconte que Jean-Pierre Melville a dû vous filmer de l’autre côté car vous aviez la marque de ses doigts sur la joue…
- (Agacé.) Ce que je peux dire maintenant, en marge de cette espèce de connerie «misogyne, macho» et tout le reste, c’est que dans ma vie j’ai été plus giflé par des femmes que je n’en ai giflé. (Sur un ton sec.) Eh oui, beaucoup plus! Je n’en ai pas parlé et je n’ai pas appelé les flics. Je sais pourquoi je les ai reçues.
- Pourquoi?
- Vous savez très bien! On s’engueule et, si jamais un jour on a un écart, eh bien on se prend une grande tarte dans la gueule.
- Pourquoi Nathalie Canovas a-t-elle été la seule Mme Delon?
- Parce que l’histoire est un éternel recommencement. Il s’est passé avec elle ce qui s’est passé avec mes parents lorsque j’avais 4 ans. Un divorce. Après, ils m’ont placé dans des familles d’accueil. Nathalie, c’était pour la vie, on a été très heureux, on a fait un enfant, Anthony. Un jour, on a décidé de se quitter. J’ai dit: «Je ne me marierai jamais plus.» Je ne voulais pas que l’histoire se renouvelle, finir comme Eddie Barclay et ses six femmes. Quand j’ai rencontré d’autres amours, comme ma regrettée Mireille Darc, je lui ai dit: «Tu sais, Mimi, il faut que tu saches que je ne t’épouserai jamais, car je ne me marierai jamais plus.» Elle, je pensais qu’elle deviendrait la femme de ma fin de vie.
- Si c’était à refaire, épouseriez-vous Romy Schneider?
- On dit toujours ça quand les gens ne sont plus là. Ce n’est pas impossible… Mais, même mariée avec moi, elle ne serait plus de ce monde. Romy n’est pas partie par hasard en 1982. Elle est morte parce qu’elle n’a jamais supporté la fin atroce de David, son fils. Il s’est planté accidentellement sur la pointe de la grille d’un portail (l’artère fémorale a été perforée, ndlr). Une horreur!
- Curieusement, il ne s’est jamais rien passé entre Brigitte Bardot et vous. Pourquoi?
- Notre amitié a tout dépassé. Et on est très heureux ainsi.
- Lors des obsèques de Mireille Darc, en 2017, on vous a vu embrasser Johnny Hallyday. C’était sa dernière apparition publique. Dans son autobiographie, il dit de vous: «Des fils invisibles nous relient.»
- (Etonné.) C’est très beau, je l’ignorais et ça me touche beaucoup.
- Vous êtes deux enfants abandonnés. C’est ça qui vous reliait?
- C’est possible. On ne l’a jamais évoqué ensemble. On s’aimait beaucoup. On se téléphonait du monde entier. Il me disait: «Tu es là?» Je lui disais: «Je suis là pour toi, tu es là pour moi.»
- Vous avez toujours dit que vous régleriez votre succession de votre vivant. Notamment en mettant vos tableaux à l’encan dès 2007.
- Cela fait plus d’un an que les enfants Hallyday se déchirent dans la presse. Moi, je déteste plus que tout les ventes posthumes. J’ai déjà organisé avec mes avocats suisses pratiquement tout ce qui se passera le jour où je devrai partir. Je ne veux surtout pas que ce soit la curée.
- Vous vendrez votre propriété de Douchy (Loiret) où reposent vos 30 chiens dans un cimetière?
- Dès que je peux. Ma fille voulait garder le domaine, mais une personne seule ne peut pas s’en sortir. Douchy me coûte une fortune en entretien.
- Si vous étiez en proie à une maladie incurable, auriez-vous recours à Exit?
- Exit Suisse, je trouve ça grandiose. Je suis totalement pour. Il y a un côté très propre, net. Tu es dans ta chambre avec les gens que tu veux, avec les amis que tu as choisis. Ce sont tes derniers moments, mais c’est toi qui décides, personne d’autre. Par rapport à ce que l’on voit dans le monde, en France l’affaire Vincent Lambert (maintenu dans un état végétatif depuis dix ans, ndlr)... Exit, c’est ton droit. On est d’accord ou pas, mais au moins on a le droit de le faire. Je suis totalement pour.
- Vous n’avez jamais succombé à la drogue et à l’alcool. La discipline militaire vous a-t-elle sauvé?
- Non, c’est ma nature. La drogue, à l’époque, il fallait être VIP et riche comme Cocteau ou Jean Marais. Maintenant, c’est tous les mômes, tous les acteurs.
- Vous pas?
- Je ne me suis jamais camé. Ni à l’héro ni à la coco. J’ai fait la foire chez Régine, c’est tout. J’ai beaucoup fumé, en revanche. Deux paquets par jour. J’ai arrêté à 50 ans, sinon j’allais en mourir.
- Votre drogue, c’est la solitude?
- La solitude, mes chiens – j’ai encore deux bergers belges – et mon boulot.
- Votre retour au cinéma ou au théâtre, c’est pour quand?
- Au cinéma, il y a peu de chances. Le théâtre sera la fin de ma vie. Ma pièce, je l’ai. J’attends d’être en forme pour terminer par «Crépuscule d’un fauve» de Janne Fontaine.
- Qu’est-ce qui vous en empêche?
- Jouer tous les soirs n’est pas facile. J’ai eu un problème de prothèse à la hanche. Il ne faut pas que je marche en boitant. Il ne faut pas que je marche trop non plus, sinon je me casse la gueule. Après, basta! Sauf si je tourne sous la direction d’une femme.
- A qui pensez-vous?
- Nicole Garcia, Lisa Azuelos, Maïwenn. Gabin disait: «Pour faire un film, il ne faut qu’une seule chose: une bonne histoire.»
- Les Gilles Lellouche, Cluzet, Canet sont-ils vos héritiers?
- (Eclat de rire.) Ha! ha! ha! Là, je préfère ne pas répondre. Ha! ha! ha!
- Qui trouve grâce à vos yeux?
- Il y en a peu. Je reste sur les générations d’hier ou d’avant-hier. Sophie Marceau, je la trouve grandissime. Vincent Cassel.
Et un type que j’ai fait débuter, Vincent Lindon. C’est un très grand acteur.
- A l’intérieur, vous vous sentez quel âge, Alain Delon?
- Je me sens très jeune. Le général de Gaulle disait: «Vieillir est un naufrage.» Comme la voiture de 400'000 bornes, il manque un peu d’eau, d’huile, tu as les pneus dégonflés… On ne peut rien y faire, c’est ce qu’on appelle l’âge. Tu perds la tronche, la vue. Tu te lèves et, merde, tu as mal à la cheville. Tu te cognes. Ah là là, ce n’est pas drôle du tout. Vieillir, c’est chiant!
- Exit Suisse, je trouve ça grandiose. Je suis totalement pour. Il y a un côté très propre, net. Tu es dans ta chambre avec les gens que tu veux, avec les amis que tu as choisis. Ce sont tes derniers moments, mais c’est toi qui décides, personne d’autre. Par rapport à ce que l’on voit dans le monde, en France l’affaire Vincent Lambert (maintenu dans un état végétatif depuis dix ans, ndlr)... Exit, c’est ton droit. On est d’accord ou pas, mais au moins on a le droit de le faire. Je suis totalement pour.
- Vous n’avez jamais succombé à la drogue et à l’alcool. La discipline militaire vous a-t-elle sauvé?
- Non, c’est ma nature. La drogue, à l’époque, il fallait être VIP et riche comme Cocteau ou Jean Marais. Maintenant, c’est tous les mômes, tous les acteurs.
- Vous pas?
- Je ne me suis jamais camé. Ni à l’héro ni à la coco. J’ai fait la foire chez Régine, c’est tout. J’ai beaucoup fumé, en revanche. Deux paquets par jour. J’ai arrêté à 50 ans, sinon j’allais en mourir.
- Votre drogue, c’est la solitude?
- La solitude, mes chiens – j’ai encore deux bergers belges – et mon boulot.
- Votre retour au cinéma ou au théâtre, c’est pour quand?
- Au cinéma, il y a peu de chances. Le théâtre sera la fin de ma vie. Ma pièce, je l’ai. J’attends d’être en forme pour terminer par «Crépuscule d’un fauve» de Janne Fontaine.
- Qu’est-ce qui vous en empêche?
- Jouer tous les soirs n’est pas facile. J’ai eu un problème de prothèse à la hanche. Il ne faut pas que je marche en boitant. Il ne faut pas que je marche trop non plus, sinon je me casse la gueule. Après, basta! Sauf si je tourne sous la direction d’une femme.
- A qui pensez-vous?
- Nicole Garcia, Lisa Azuelos, Maïwenn. Gabin disait: «Pour faire un film, il ne faut qu’une seule chose: une bonne histoire.»
- Les Gilles Lellouche, Cluzet, Canet sont-ils vos héritiers?
- (Eclat de rire.) Ha! ha! ha! Là, je préfère ne pas répondre. Ha! ha! ha!
- Qui trouve grâce à vos yeux?
- Il y en a peu. Je reste sur les générations d’hier ou d’avant-hier. Sophie Marceau, je la trouve grandissime. Vincent Cassel.
Et un type que j’ai fait débuter, Vincent Lindon. C’est un très grand acteur.
- A l’intérieur, vous vous sentez quel âge, Alain Delon?
- Je me sens très jeune. Le général de Gaulle disait: «Vieillir est un naufrage.» Comme la voiture de 400'000 bornes, il manque un peu d’eau, d’huile, tu as les pneus dégonflés… On ne peut rien y faire, c’est ce qu’on appelle l’âge. Tu perds la tronche, la vue. Tu te lèves et, merde, tu as mal à la cheville. Tu te cognes. Ah là là, ce n’est pas drôle du tout. Vieillir, c’est chiant!
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Alain Delon et ses chiens à Douchy - 7 septembre 1973 - ORTF - Réalisateur : Pierre Mignot - Producteur : Frédéric Rossif
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ALAIN DELON À DOUCHY, LE 15 NOVEMBRE 1976
Son royaume secret. Dans la propriété de Douchy (Loiret), dont il a lui-même conçu les plans, Alain Delon retrouve le calme en solitaire entre deux tournages. Car à 41 ans, l'acteur de "Rocco et ses frères", de "La piscine", du "Guépard" ou des "Félins" compte parmi les comédiens français les plus sollicités. Et c'est au contact de ses cinq chiens, auxquels il voue un amour sans bornes, que le séducteur de légende parvient à se ressourcer.
Alain Delon, cet inconnu - Documentaire diffusé sur ARTE - Un film de Philippe Kholy - Extraits sur DOUCHY
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Un jour, un destin - Alain Delon, la solitude d'un fauve - 2019 - Diffusé sur France 2
Un film de Laurent Allen-Caron - Extraits sur DOUCHY
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Un film de Laurent Allen-Caron - Extraits sur DOUCHY
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Ferrari Testarossa modèle 1987, acheté par Alain Delon en 1989.
Revendue aux enchères par Artcurial pendant le salon Rétromobile a été adjugée 171 500 € en février 2013.
Cette Ferrari rouge n'affichait que 19.000 kms au compteur.
«Alain Delon la possède depuis 1989. Il souhaite qu'un autre collectionneur l'utilise et en profite»
avait indiqué Artcurial lors de la présentation de la vente.
Revendue aux enchères par Artcurial pendant le salon Rétromobile a été adjugée 171 500 € en février 2013.
Cette Ferrari rouge n'affichait que 19.000 kms au compteur.
«Alain Delon la possède depuis 1989. Il souhaite qu'un autre collectionneur l'utilise et en profite»
avait indiqué Artcurial lors de la présentation de la vente.
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Alain Delon : «Je ne fais peur qu'aux imbéciles»
Par Patrick Cabannes | Publié le 31/10/2015 à 18h00
Par Patrick Cabannes | Publié le 31/10/2015 à 18h00
TV Magazine a rencontré l'acteur chez lui à l'occasion de la diffusion lundi 2 novembre sur France 3
Alain Delon, cet inconnu.
Alain Delon, cet inconnu.
Pénétrer dans le domaine de La Brûlerie, à Douchy (Loiret), n'est pas chose facile. Il faut franchir un portail majestueux, décliner son identité auprès d'un garde, emprunter un long chemin qui serpente au cœur d'un bois, contourne un immense étang et débouche enfin sur un charmant manoir. Sous un appentis dort une berline immatriculée en Suisse. Sur le perron, se tient notre hôte. Bienvenue chez Alain Delon. Cheveux gris savamment décoiffés, sourire aux lèvres et regard bleu acier. L'acteur semble heureux. Et il a de quoi. À l'aube de ses 80 ans, France 3 lui consacre un magnifique portrait. Entretien exclusif.
Comment avez-vous déniché cet endroit?
Je tournais dans la région et, en rentrant à Paris, j'ai été intrigué par un haut mur d'enceinte interminable. Je me suis arrêté au bord de la route, je l'ai escaladé et j'ai découvert un parc incroyable. Ce jour-là, j'ai décidé que j'en deviendrais propriétaire. Ça m'a pris trois ans! C'est devenu la base des Delon. Mes enfants y ont fait leurs premiers pas. C'est un lieu riche en souvenirs où l'on aime se retrouver.
Pourquoi s'enterrer dans un lieu si loin de tout?
Vous ne croyez pas si bien dire. Je ne suis à Paris qu'occasionnellement, pour mes affaires. Le plus clair de mon temps, je le passe ici. J'y vis entouré de mes chiens. Je leur ai aménagé un cimetière: certains y reposent en couple. Pour rester parmi eux, j'ai construit une petite chapelle. C'est là que je serai enterré - j'ai toutes les autorisations -, ainsi que d'autres membres de la famille s'ils le souhaitent. Il y a huit places...
France 3 diffuse Alain Delon, cet inconnu, un portrait plutôt flatteur. En êtes-vous fier?
J'en suis surtout heureux. D'autant qu'on ne m'a demandé ni mon avis ni d'y participer. J'ai appris l'existence de ce portrait par mes avocats suisses, contactés pour des problèmes de droit. Et, quand j'ai vu ce film, j'ai dit bravo. Je l'ai trouvé remarquable, magnifique. J'ai été très sensible au titre: Alain Delon, cet inconnu.
Pour quelle raison?
Les gens ignorent beaucoup de choses sur moi... Ils vont découvrir ce que je n'ai jamais montré.
Par exemple?
Combien sont-ils à savoir que j'ai passé mon enfance en prison? Du moins dans la cour de la prison de Fresnes - mon père adoptif y était gardien -, où je jouais avec d'autres enfants de gardiens. En revoyant ces images, j'ai ressenti de l'émotion. J'étais vraiment secoué... Ça m'a mis la larme à l’œil.
Comment avez-vous déniché cet endroit?
Je tournais dans la région et, en rentrant à Paris, j'ai été intrigué par un haut mur d'enceinte interminable. Je me suis arrêté au bord de la route, je l'ai escaladé et j'ai découvert un parc incroyable. Ce jour-là, j'ai décidé que j'en deviendrais propriétaire. Ça m'a pris trois ans! C'est devenu la base des Delon. Mes enfants y ont fait leurs premiers pas. C'est un lieu riche en souvenirs où l'on aime se retrouver.
Pourquoi s'enterrer dans un lieu si loin de tout?
Vous ne croyez pas si bien dire. Je ne suis à Paris qu'occasionnellement, pour mes affaires. Le plus clair de mon temps, je le passe ici. J'y vis entouré de mes chiens. Je leur ai aménagé un cimetière: certains y reposent en couple. Pour rester parmi eux, j'ai construit une petite chapelle. C'est là que je serai enterré - j'ai toutes les autorisations -, ainsi que d'autres membres de la famille s'ils le souhaitent. Il y a huit places...
France 3 diffuse Alain Delon, cet inconnu, un portrait plutôt flatteur. En êtes-vous fier?
J'en suis surtout heureux. D'autant qu'on ne m'a demandé ni mon avis ni d'y participer. J'ai appris l'existence de ce portrait par mes avocats suisses, contactés pour des problèmes de droit. Et, quand j'ai vu ce film, j'ai dit bravo. Je l'ai trouvé remarquable, magnifique. J'ai été très sensible au titre: Alain Delon, cet inconnu.
Pour quelle raison?
Les gens ignorent beaucoup de choses sur moi... Ils vont découvrir ce que je n'ai jamais montré.
Par exemple?
Combien sont-ils à savoir que j'ai passé mon enfance en prison? Du moins dans la cour de la prison de Fresnes - mon père adoptif y était gardien -, où je jouais avec d'autres enfants de gardiens. En revoyant ces images, j'ai ressenti de l'émotion. J'étais vraiment secoué... Ça m'a mis la larme à l’œil.
Dobermans, malinois, dogues du Tibet: véritable chef de meute, Alain Delon a accueilli une vingtaine de chiens dans son domaine de Douchy. Il sera enterré auprès d'eux.
On dit que vous faites peur...
C'est une connerie! Ça m'a suivi toute ma vie, mais c'est une connerie noire! J'ai l'habitude de dire que je ne fais peur qu'aux imbéciles. Il n'y a qu'eux qui ont peur moi. Je n'ai jamais fait peur à Visconti, à Clément, à Melville... Cela m'a même empêché de tourner avec certains réalisateurs, Truffaut par exemple.
Comment qualifieriez-vous ce portrait?
De véridique. Pas de mensonge, pas de bobard: c'est LA vérité! Notamment lorsque je pars en Indochine, alors que je n'ai que 17 ans. C'était pour foutre le camp de chez moi. Sans cet événement, ma vie eût été bien différente...
Être acteur vous est apparu comme une évidence...
Exactement. Cette évidence, je la dois à Yves Allégret. Un jour, il m'a dit: «Alain, je voudrais que tu parles comme tu parles, que tu regardes comme tu regardes, que tu écoutes comme tu écoutes, que tu bouges comme tu bouges. Sois-toi. Vis!» Ça a marqué toute ma carrière. Je n'ai pas fait comme Belmondo ou Jean Rochefort, quatorze ans de cours ou d'école. Être acteur, c'est un accident. C'est quelqu'un qu'on prend et qu'on met au service du cinéma ; être comédien, c'est un métier qui s'apprend. Burt Lancaster, Jean Gabin sont des accidents au même titre que Tapie. Moi aussi je suis un accident!
Ce portrait passe rapidement sur votre face cachée, comme l'affaire Markovic...
L'affaire Markovic a pris des proportions incroyables parce qu'on y a mêlé M. et Mme Pompidou. Et même de Gaulle! C'était un Yougoslave qui vivait chez moi. C'était mon garde du corps et ce n'était pas un voyou. Disons qu'aujourd'hui on le qualifierait de migrant.
On dit que vous faites peur...
C'est une connerie! Ça m'a suivi toute ma vie, mais c'est une connerie noire! J'ai l'habitude de dire que je ne fais peur qu'aux imbéciles. Il n'y a qu'eux qui ont peur moi. Je n'ai jamais fait peur à Visconti, à Clément, à Melville... Cela m'a même empêché de tourner avec certains réalisateurs, Truffaut par exemple.
Comment qualifieriez-vous ce portrait?
De véridique. Pas de mensonge, pas de bobard: c'est LA vérité! Notamment lorsque je pars en Indochine, alors que je n'ai que 17 ans. C'était pour foutre le camp de chez moi. Sans cet événement, ma vie eût été bien différente...
Être acteur vous est apparu comme une évidence...
Exactement. Cette évidence, je la dois à Yves Allégret. Un jour, il m'a dit: «Alain, je voudrais que tu parles comme tu parles, que tu regardes comme tu regardes, que tu écoutes comme tu écoutes, que tu bouges comme tu bouges. Sois-toi. Vis!» Ça a marqué toute ma carrière. Je n'ai pas fait comme Belmondo ou Jean Rochefort, quatorze ans de cours ou d'école. Être acteur, c'est un accident. C'est quelqu'un qu'on prend et qu'on met au service du cinéma ; être comédien, c'est un métier qui s'apprend. Burt Lancaster, Jean Gabin sont des accidents au même titre que Tapie. Moi aussi je suis un accident!
Ce portrait passe rapidement sur votre face cachée, comme l'affaire Markovic...
L'affaire Markovic a pris des proportions incroyables parce qu'on y a mêlé M. et Mme Pompidou. Et même de Gaulle! C'était un Yougoslave qui vivait chez moi. C'était mon garde du corps et ce n'était pas un voyou. Disons qu'aujourd'hui on le qualifierait de migrant.
Diffusée en janvier 2002, la minisérie Fabio Montale offre à Alain Delon un rôle à sa mesure pour la télévision.
Le succès est au rendez-vous: près de 12,5 millions de téléspectateurs regardent la première partie de cette trilogie.T.F.1-MAESTRACCI/SIPA
Le succès est au rendez-vous: près de 12,5 millions de téléspectateurs regardent la première partie de cette trilogie.T.F.1-MAESTRACCI/SIPA
En parlant de migrants, Nadine Morano a dit récemment que la France était un pays de race blanche. Qu'en pensez-vous?
Je n'ai pas envie de juger ou d'en discuter. Juste une question: «Le Kenya est un pays de quelle race?». Les gens sont noirs. C'est une polémique ridicule, grotesque, qui n'a aucun sens. Elle a des c... de tenir comme elle tient et de dire: «Je vous emmerde tous, je dis ce que je pense et je continuerai à le dire». Chapeau!
Que pensez-vous de la politique menée par François Hollande et Manuel Valls?
J'ai connu la France du général de Gaulle et c'était autre chose. Depuis, elle a été plutôt en se dégradant. Gauche, droite, tous les coups sont permis. Ce qui se passe est dégueulasse, d'où le désintérêt des Français pour la politique.
Vous vous étiez déjà exprimé sur la montée de Front national. Aujourd'hui, qu'en pensez-vous?
Je suis un ami de Jean-Marie Le Pen depuis cinquante ans. Mais, sur le Front national, j'ai simplement dit que je trouvais ça normal que les gens se rapproche de ce parti parce qu'ils en ont marre. Marre de tout! Et c'est pour ça qu'ils sont prêts à aller n'importe où. Je le confirme: les gens ne savent plus où ils en sont, alors pourquoi pas le Front national...
On connaît Alain Delon au cinéma mais vous avez également joué pour la télévision...
Au cinéma ou à la télévision, quand on dit «moteur», c'est pareil pour moi! Il y a une caméra qui vous regarde et vous devez lui dire ce que vous avez envie de lui dire. J'ai eu la chance qu'on me propose des rôles intéressants à la télévision, comme Franck Riva ou Fabio Montale. C'était une expérience enrichissante.
Elle offre aussi une belle exposition. Est-ce important pour vous?
C'est vrai que, 12 millions de téléspectateurs, ce n'est pas rien! Mais ce n'est pas le plus important. Je n'ai jamais été à la recherche du succès, du triomphe ou de l'argent. Je n'ai jamais fait quelque chose pour de l'argent. J'ai toujours fait ce que je voulais, quand je voulais, où je voulais et avec qui je voulais! Vous imaginez la chance que j'ai eue...
Regardez-vous la télévision?
Plus maintenant. Elle m'emmerde et on n'apprend rien. J'ai l'impression qu'il n'y a plus que l'audience qui compte. Il m'arrive de regarder un bon documentaire et, lorsque l'actualité l'impose, je me rabats sur BFMTV. J'étais accro à la télévision, mais maintenant c'est terminé.
«Je ne serais rien sans les femmes, les actrices. [...] Elles m'ont fait pleurer, elles m'ont fait crier.»
Une seule lui est restée fidèle: Mireille Darc. Alain Delon la considère comme LA femme de sa vie.
Une seule lui est restée fidèle: Mireille Darc. Alain Delon la considère comme LA femme de sa vie.
Que pensez-vous de Cyril Hanouna?
Il ne va pas être content, car je n'en pense rien (rires). Il a dû comprendre et bien assimiler pourquoi on l'aimait. Et il en joue. Je trouve ça guignolesque. Cyril Hanouna, à chaque fois que je tombe sur lui, c'est toujours la même mimique, le même sourire, le même regard. Il n'y a pas que lui. Ce qui me fascine «salement», c'est que ces émissions sont faites parce qu'on est sûr d'accrocher des millions de cons. Je n'ai pas dit de «Français», j'ai dit de «cons»!
Comment avez-vous vécu le départ de Claire Chazal?
C'est une amie et je suis sûre que cela n'a pas dû la surprendre. Il y a un moment où il faut savoir céder sa place et passer à autre chose. C'est un peu ce qui m'est arrivé... Après, il y a la manière de le faire... Et là on peut dire que c'était un peu cavalier.
Que pensez-vous d'Anne-Claire Coudray, sa remplaçante?
Elle n'est pas supergéniale à côté de Claire et je lui prédis une carrière moins longue! C'est une question d'époque: les longues carrières, comme au cinéma pour Belmondo, Delon et quelques autres, c'est révolu. Vous pensez que, dans trente ans, vous allez voir Dujardin? Non! Maintenant, tout va très vite. C'est avant tout de l'industrie, du pognon. Ça manque de sincérité, de coeur et de chaleur. Je regrette cette dérive.
Entre Marc-Olivier Fogiel et Laurent Ruquier, lequel choisissez-vous?
J'aime bien Fogiel, je le connais depuis qu'il est môme. Et ce que fait Ruquier n'est pas facile. Faut le faire quand même: c'est toujours un peu la même chose. Le rictus, le ton... Mais il sait pourquoi il le fait.
Vous avez été exclu du comité Miss France. C'est un regret?
Et on revient sur le Front national. À la suite d'une réflexion, qui a été transformée par la presse, on m'a viré de Miss France! Comment peut-on agir de la sorte? Et tout cas, cette décision m'a privé d'une excellente soirée où je me trouvais entouré de jolies filles (sourire).
Mais vous êtes proche du Front national?
Non. Et, si je l'étais, pourquoi n'en aurais-je pas le droit? L'extrême gauche et Mélenchon, c'est valable, mais l'extrême droite, non? Le Front national représente quand même 6 millions de personnes. C'est 6 millions de cons? On a le droit de ne pas aimer, mais on doit le respecter.
Invitée sur le divan de Marc-Olivier Fogiel, Mireille Darc vous a fait une véritable déclaration d'amour. Surpris?
Elle est sincère, elle est vraie. Elle ne l'a pas fait parce qu'elle était sur le divan, mais parce qu'elle le pense, c'est certain. C'était très beau. Mireille est une personne indissociable de ma vie. On se parle pratiquement tous les jours. J'aime beaucoup Mireille. Elle a été probablement le plus grand amour de ma vie. LA femme de ma vie.
Propos recueillis par Patrick Cabannes
Jean-Paul Belmondo et Alain Delon dans Une chance sur deux. StudioCanal
Bientôt Belmondo par Belmondo, sur TF1«Nous avons disputé une course, tous les deux en tête, il y a près d'un demi-siècle! Il n'y aurait pas eu de Belmondo sans Delon, ni de Delon sans Belmondo.» Dans le portrait Belmondo par Belmondo, bientôt diffusé sur TF1, Alain Delon rend un vibrant hommage à son mythique rival. À l'origine de ce portrait de quatre-vingt-dix minutes qu'il coproduit avec Paul Belmondo, Cyril Viguier a réussi à réunir Belmondo et Delon, pères et fils. Belmondo par Belmondo est aussi l'occasion de voir ou de revoir les lieux mythiques où ont été tournés les films qui jalonnent la carrière de «Bébel» et des figures emblématiques du septième art qui ont accepté de témoigner: Guy Bedos, Jean Rochefort, Ursula Andress. Et même la nouvelle génération, avec Jean Dujardin.
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Derrière les hauts murs qui protègent le domaine de 55 hectares, Alain Delon goûte le silence, les oiseaux migrateurs, la compagnie de Loubo, jeune et fougueux berger malinois… De belles parenthèses, pas un exil. À 82 ans, Alain Delon rêve de remonter sur les planches et se réjouit de tourner prochainement avec Juliette Binoche.
Par Ghislain Loustalot Reportage Catherine Tabouis, Marc Brincourt
La grille passée, il faut rouler quelques centaines de mètres, traverser un bois, contourner un lac. La maison apparaît. Alain Delon attend dehors, son berger malinois, Loubo, assis à ses pieds. Douchy, mardi 12 décembre ; il avait dit 11 heures, il est l’heure pile. Il apprécie. Il fait froid, humide. Il est malade, fiévreux, enroué ; il s’en fout. Il aurait pu rester au chaud, il attend dehors. Il reçoit. Il va ouvrir toutes les portes de sa maison et de son jardin secret comme s’il ouvrait grands les bras. Il est prévenant, accueillant, heureux de partager. Mais avant de pénétrer dans cette demeure où peu de journalistes ont été invités, il faut sympathiser avec le jeune Loubo qui garde et gronde, protège son maître comme le bien le plus précieux. Puis franchir le seuil de ce royaume dont Alain Delon est désormais l’unique occupant.
L’homme pressé prend son temps, explique, fait la visite. On entre par la cuisine. Des dizaines de casseroles en cuivre pendent du plafond, il y a quelques bouteilles de bons vins. Dans la salle de jeu, les flippers, la table de poker, les machines à sous et autres jeux d’arcade sont en sommeil depuis longtemps, presque ensevelis sous des piles de livres, de cadres photo, de collections de lunettes, d’objets hétéroclites liés à des tournages. Amoncellement ne veut pas dire désordre chez cet homme qui classe tout de sa vie. « C’est là que les enfants ont joué et ont grandi. Maintenant, plus personne ne vient ». Ses petits, comme tous les petits, se sont envolés. Nostalgie et regret du temps béni.
Par Ghislain Loustalot Reportage Catherine Tabouis, Marc Brincourt
La grille passée, il faut rouler quelques centaines de mètres, traverser un bois, contourner un lac. La maison apparaît. Alain Delon attend dehors, son berger malinois, Loubo, assis à ses pieds. Douchy, mardi 12 décembre ; il avait dit 11 heures, il est l’heure pile. Il apprécie. Il fait froid, humide. Il est malade, fiévreux, enroué ; il s’en fout. Il aurait pu rester au chaud, il attend dehors. Il reçoit. Il va ouvrir toutes les portes de sa maison et de son jardin secret comme s’il ouvrait grands les bras. Il est prévenant, accueillant, heureux de partager. Mais avant de pénétrer dans cette demeure où peu de journalistes ont été invités, il faut sympathiser avec le jeune Loubo qui garde et gronde, protège son maître comme le bien le plus précieux. Puis franchir le seuil de ce royaume dont Alain Delon est désormais l’unique occupant.
L’homme pressé prend son temps, explique, fait la visite. On entre par la cuisine. Des dizaines de casseroles en cuivre pendent du plafond, il y a quelques bouteilles de bons vins. Dans la salle de jeu, les flippers, la table de poker, les machines à sous et autres jeux d’arcade sont en sommeil depuis longtemps, presque ensevelis sous des piles de livres, de cadres photo, de collections de lunettes, d’objets hétéroclites liés à des tournages. Amoncellement ne veut pas dire désordre chez cet homme qui classe tout de sa vie. « C’est là que les enfants ont joué et ont grandi. Maintenant, plus personne ne vient ». Ses petits, comme tous les petits, se sont envolés. Nostalgie et regret du temps béni.
Un bureau exigu, encombré, un dédale de couloirs aux murs recouverts de photos. Alain Delon commente, désigne ceux qui ont disparu, chiens amis, être humains adorés. Il égrène aussi les bons moments vécus avec ceux qu’il a admirés, aimés. L’ombre du passé, des éclairs de bonheur. Quand il blague, quand il sourit, son visage s’illumine. On le revoit soleil au temps de sa splendeur. Dans la salle de projection, on imagine les bobines d’une filmographie hallucinante défiler. Alain Delon raconte, s’arrête, repart. Il montre tout avec la fierté de celui qui a construit un univers hors norme, de la piscine intérieure couverte jusqu’à la salle de sport voulue par Rosalie. Au sol, totalement incongru dans ce décor, une maquette longue de deux mètres du « Colbert », le célèbre croiseur de la marine française des années 1930. L’acteur fonctionne au coup de cœur.
Il veut tout montrer, encore et encore. Il faut sortir maintenant, malgré le froid. Traverser le jardin, passer devant la maison avec la seconde piscine qu’il a fait construire pour sa fille Anouchka, longer l’étang et sa plage de sable, aménagée jadis pour les gamins, avant d’arriver au cimetière de ses 50 chiens, frères et sœurs d’amitié. Les noms sont gravés sur des pierres plates, les tombes sont regroupées par carrés, les couples reposent ensemble pour l’éternité, les trois derniers chiens ont une place privilégiée de l’autre côté de la chapelle. Elle sera la dernière demeure d’Alain Delon, tout près d’eux, quand la mort viendra. Le visage s’est durci, l’émotion le submerge, la voix se trouble. « Vous voulez entrer dans la chapelle ? » Un autel et des chaises, des bougies, des dalles, emplacements mortuaires pour six personnes. Le sien est derrière l’autel.
« Voilà, ma tombe sera là. Les autres feront ce qu’ils voudront. Maintenant, venez, je vais vous montrer un endroit où personne n’est jamais venu ». C’est une petite maison à quelques pas. Très simple. Un salon aux dimensions réduites, une salle de bains, et surtout, une pièce crépie dans laquelle trône un lit de cuir noir qu’il confie avoir acheté avec son premier cachet d’acteur. Sur la table de nuit, une photo avec sa fille Anouchka. « C’est là que mon corps sera exposé pour qu’une quinzaine de personnes, pas plus, viennent se recueillir ». Tout est prêt, donc. Il devine le choc que cette découverte occasionne. Précise : « J’organise ». Il ne pleurniche pas sur son sort. Jamais. C’est Delon. Après lui, il ne sait pas ce que deviendra cette propriété chérie depuis plus de quarante-cinq ans, cette maison du bonheur qui a résonné de mille rires. Pour l’instant, donc, il maîtrise. Comme il l’a toujours fait.
Le temps vire au sombre. À regret, il va falloir quitter Douchy, le domaine refuge, la maison musée où tout témoigne d’une existence extraordinaire et foisonnante. « Il est à lui-même la Bibliothèque nationale de sa vie, écrivait dans Paris Match son ami Jean Cau, et tout y est classé. En ordre. Même les désordres ». Se souvenir des belles choses. Et des autres. Le temps d’avant, celui qui fait son œuvre et le laisse survivant, se remémorant tous ceux qui sont partis. Vivre avec hier, mais pas que. Le présent n’est pas absent de ses rêveries.
Alain Delon aimerait remonter sur scène pour retrouver le plaisir du lien jouissif et direct avec ce public qui lui manque. Son charisme est intact. Il paraît indestructible. À la fin de la visite, le coup de froid semble presque oublié. Il affirme, les yeux brillants de plaisir, qu’il tournera, aux beaux jours, le film de Patrice Leconte avec Juliette Binoche. En novembre, il a fêté ses 82 ans et ses 60 ans de carrière débutée par un long-métrage au titre prémonitoire : Quand la femme s’en mêle. Les femmes lui ont tout apporté. Sa beauté, divine, l’a accompagné longtemps, sésame de tous les possibles. Dans le numéro hors-série que nous lui consacrons à l’occasion de ces deux anniversaires, il se confie dans un long entretien comme il ne l’a jamais fait. Et puis, ses enfants, Anthony, Anouchka, Alain-Fabien, et celle qui a été sa seule épouse, Nathalie, dessinent son portrait. Intime, étonnant. Delon le fort et le fragile. La carrière d’un géant, mais aussi une vie d’homme marquée au fer rouge par la solitude. « Elle vient des larmes de la petite enfance. Je vis bien avec, j’en ai besoin. Et même quand je vivais avec une femme, quand j’aimais une femme, je me sentais seul ».
Pour Anouchka et Alain-Fabien, j’ai l’âge d’être leur grand-père, alors c’est compliqué
Quand ses parents, Edith et Fabien, divorcent, il a 4 ans. Alain, bébé de l’amour, devient le gamin de l’entre-deux, celui qui dérange et se retrouve condamné au désert affectif. Famille d’accueil, pensions, Indochine. Une trajectoire forgée dans l’abandon et la rébellion. Il aurait pu être charcutier avec son beau-père et coureur cycliste, la première passion de sa vie. Il est devenu star. Puis père. Les deux statuts n’ont pas toujours été compatibles. « La célébrité isole, elle met de la distance avec tout le monde. Y compris avec ses enfants ». Il a tenté de ne pas reproduire les schémas, a quitté Romy, épousé Nathalie. Mme Delon, la seule. Pour la vie. Des liens très forts, aujourd’hui encore. « Nous nous aimions follement et il a été fou de joie d’avoir un fils », explique-t-elle. Anthony naît à Hollywood, Alain et Nathalie divorcent quand il a 4 ans. On n’échappe pas à ce qui nous construit.
Initiales AD
« Mon père a été le héros de mon enfance, raconte Anthony. La réalité se mélangeait à la fiction. C’est une différence majeure avec Alain-Fabien et Anouchka, qui ont eu un père déjà âgé. Quand j’ai vu “Borsalino”, le soir même, Roch Siffredi était assis en face de moi. C’est presque dangereux… J’ai été confronté à un Delon en pleine puissance, en pleine force de l’âge et de sa beauté. Bien sûr que cela a été compliqué. Ce serait plus simple si j’avais 20 ans aujourd’hui ! Bon… j’ai quand même réussi à tourner 40 films et séries, à peu près la moitié de ce qu’il a fait. »
Alain et Delon. De l’un à l’autre. Nathalie précise : « Quand il parle de lui à la troisième personne, c’est toujours mal interprété. La vérité, c’est qu’il fait une distinction très nette entre l’acteur Delon et lui-même ». La star cache l’homme, l’éclipse un peu, beaucoup. S’il défend bec et ongles sa carrière d’acteur et de producteur, il doute qu’il ait pu être une figure paternelle de référence. « Ai-je été à la hauteur ? Je ne le crois pas. Pour Anouchka et Alain-Fabien, j’ai l’âge d’être leur grand-père, alors c’est compliqué ».
Celle qui m’a le plus aimé a été Mireille, et notre histoire a été merveilleuse. Elle me manque. Tout me manque chez elle.
Anouchka et Alain-Fabien. Fiers d’être des Delon, pourtant, et de rendre hommage à leur père. Des réminiscences d’une belle enfance, finalement. Anouchka se souvient : « “Le clan des Siciliens”, nous l’avons bien regardé 15 000 fois ! Gabin, Lino, papa, ces trois acteurs réunis, ça m’éclatait ». Alain-Fabien poursuit : « Il passait au moment du générique, s’en allait pour revenir trois ou quatre fois pendant le film et nous demander si cela nous plaisait. On entendait ses chaussons qui glissaient… » Ils décrivent aussi la face intime d’une idole planétaire qui a fait 50 fois la couverture de Match. Alain-Fabien : « Quand il ne tournait pas, il aimait passer ses week-ends à donner des carottes aux chevaux et du pain aux canards. Il fallait le voir, le matin, prendre une casserole de pain mouillé et s’installer en plein champ dans sa robe de chambre trouée en attendant que les corbeaux arrivent. Et je me souviens de la fois où papa nous a accompagnés chez Disney. Alain Delon dans un Roller Coaster, c’était ouf ! » Anouchka conclut : « Il est un exemple de persévérance dans le travail. À une époque, il s’est débrouillé seul pour monter ses films. Je dis chapeau, ça me plaît. On l’a critiqué, mais il s’en est toujours foutu. Il est libre dans ce qu’il fait comme dans tout ce qu’il dit. Mon père c’est un peu Bruce Wayne, alias Batman ».
Delon le héros, Delon l’icône. En matière de bilan personnel, il avoue avoir tout fait par et pour les femmes. Elles l’ont adulé. « Peu d’hommes ont été aimés comme je l’ai été. Celle qui m’a le plus aimé a été Mireille, et notre histoire a été merveilleuse. Elle me manque. Tout me manque chez elle ». L’hypersensible, l’unique, le seul, au sens premier, est devenu un mythe qui traversera le temps. Son ego semble le propulser parfois au-delà des cieux. Dieu ? Il ne sait pas s’il y croit. La Vierge Marie, oui. Il lui parle, la questionne. « Elle m’apporte un soulagement, une compagnie que je n’ai pas, elle est toujours là. Elle m’écoute et me réconforte ». Comme si Alain Delon, symbole singulier de la masculinité terrestre, ne pouvait aujourd’hui encore trouver son salut qu’à travers les femmes, ses déesses.
Le temps vire au sombre. À regret, il va falloir quitter Douchy, le domaine refuge, la maison musée où tout témoigne d’une existence extraordinaire et foisonnante. « Il est à lui-même la Bibliothèque nationale de sa vie, écrivait dans Paris Match son ami Jean Cau, et tout y est classé. En ordre. Même les désordres ». Se souvenir des belles choses. Et des autres. Le temps d’avant, celui qui fait son œuvre et le laisse survivant, se remémorant tous ceux qui sont partis. Vivre avec hier, mais pas que. Le présent n’est pas absent de ses rêveries.
Alain Delon aimerait remonter sur scène pour retrouver le plaisir du lien jouissif et direct avec ce public qui lui manque. Son charisme est intact. Il paraît indestructible. À la fin de la visite, le coup de froid semble presque oublié. Il affirme, les yeux brillants de plaisir, qu’il tournera, aux beaux jours, le film de Patrice Leconte avec Juliette Binoche. En novembre, il a fêté ses 82 ans et ses 60 ans de carrière débutée par un long-métrage au titre prémonitoire : Quand la femme s’en mêle. Les femmes lui ont tout apporté. Sa beauté, divine, l’a accompagné longtemps, sésame de tous les possibles. Dans le numéro hors-série que nous lui consacrons à l’occasion de ces deux anniversaires, il se confie dans un long entretien comme il ne l’a jamais fait. Et puis, ses enfants, Anthony, Anouchka, Alain-Fabien, et celle qui a été sa seule épouse, Nathalie, dessinent son portrait. Intime, étonnant. Delon le fort et le fragile. La carrière d’un géant, mais aussi une vie d’homme marquée au fer rouge par la solitude. « Elle vient des larmes de la petite enfance. Je vis bien avec, j’en ai besoin. Et même quand je vivais avec une femme, quand j’aimais une femme, je me sentais seul ».
Pour Anouchka et Alain-Fabien, j’ai l’âge d’être leur grand-père, alors c’est compliqué
Quand ses parents, Edith et Fabien, divorcent, il a 4 ans. Alain, bébé de l’amour, devient le gamin de l’entre-deux, celui qui dérange et se retrouve condamné au désert affectif. Famille d’accueil, pensions, Indochine. Une trajectoire forgée dans l’abandon et la rébellion. Il aurait pu être charcutier avec son beau-père et coureur cycliste, la première passion de sa vie. Il est devenu star. Puis père. Les deux statuts n’ont pas toujours été compatibles. « La célébrité isole, elle met de la distance avec tout le monde. Y compris avec ses enfants ». Il a tenté de ne pas reproduire les schémas, a quitté Romy, épousé Nathalie. Mme Delon, la seule. Pour la vie. Des liens très forts, aujourd’hui encore. « Nous nous aimions follement et il a été fou de joie d’avoir un fils », explique-t-elle. Anthony naît à Hollywood, Alain et Nathalie divorcent quand il a 4 ans. On n’échappe pas à ce qui nous construit.
Initiales AD
« Mon père a été le héros de mon enfance, raconte Anthony. La réalité se mélangeait à la fiction. C’est une différence majeure avec Alain-Fabien et Anouchka, qui ont eu un père déjà âgé. Quand j’ai vu “Borsalino”, le soir même, Roch Siffredi était assis en face de moi. C’est presque dangereux… J’ai été confronté à un Delon en pleine puissance, en pleine force de l’âge et de sa beauté. Bien sûr que cela a été compliqué. Ce serait plus simple si j’avais 20 ans aujourd’hui ! Bon… j’ai quand même réussi à tourner 40 films et séries, à peu près la moitié de ce qu’il a fait. »
Alain et Delon. De l’un à l’autre. Nathalie précise : « Quand il parle de lui à la troisième personne, c’est toujours mal interprété. La vérité, c’est qu’il fait une distinction très nette entre l’acteur Delon et lui-même ». La star cache l’homme, l’éclipse un peu, beaucoup. S’il défend bec et ongles sa carrière d’acteur et de producteur, il doute qu’il ait pu être une figure paternelle de référence. « Ai-je été à la hauteur ? Je ne le crois pas. Pour Anouchka et Alain-Fabien, j’ai l’âge d’être leur grand-père, alors c’est compliqué ».
Celle qui m’a le plus aimé a été Mireille, et notre histoire a été merveilleuse. Elle me manque. Tout me manque chez elle.
Anouchka et Alain-Fabien. Fiers d’être des Delon, pourtant, et de rendre hommage à leur père. Des réminiscences d’une belle enfance, finalement. Anouchka se souvient : « “Le clan des Siciliens”, nous l’avons bien regardé 15 000 fois ! Gabin, Lino, papa, ces trois acteurs réunis, ça m’éclatait ». Alain-Fabien poursuit : « Il passait au moment du générique, s’en allait pour revenir trois ou quatre fois pendant le film et nous demander si cela nous plaisait. On entendait ses chaussons qui glissaient… » Ils décrivent aussi la face intime d’une idole planétaire qui a fait 50 fois la couverture de Match. Alain-Fabien : « Quand il ne tournait pas, il aimait passer ses week-ends à donner des carottes aux chevaux et du pain aux canards. Il fallait le voir, le matin, prendre une casserole de pain mouillé et s’installer en plein champ dans sa robe de chambre trouée en attendant que les corbeaux arrivent. Et je me souviens de la fois où papa nous a accompagnés chez Disney. Alain Delon dans un Roller Coaster, c’était ouf ! » Anouchka conclut : « Il est un exemple de persévérance dans le travail. À une époque, il s’est débrouillé seul pour monter ses films. Je dis chapeau, ça me plaît. On l’a critiqué, mais il s’en est toujours foutu. Il est libre dans ce qu’il fait comme dans tout ce qu’il dit. Mon père c’est un peu Bruce Wayne, alias Batman ».
Delon le héros, Delon l’icône. En matière de bilan personnel, il avoue avoir tout fait par et pour les femmes. Elles l’ont adulé. « Peu d’hommes ont été aimés comme je l’ai été. Celle qui m’a le plus aimé a été Mireille, et notre histoire a été merveilleuse. Elle me manque. Tout me manque chez elle ». L’hypersensible, l’unique, le seul, au sens premier, est devenu un mythe qui traversera le temps. Son ego semble le propulser parfois au-delà des cieux. Dieu ? Il ne sait pas s’il y croit. La Vierge Marie, oui. Il lui parle, la questionne. « Elle m’apporte un soulagement, une compagnie que je n’ai pas, elle est toujours là. Elle m’écoute et me réconforte ». Comme si Alain Delon, symbole singulier de la masculinité terrestre, ne pouvait aujourd’hui encore trouver son salut qu’à travers les femmes, ses déesses.